On se retrouve aujourd'hui pour le Chapitre 37 de The Heroes of the Death! Vous remarquerez que j'ai mis moins de temps à publier la suite, cette fois-ci... Esperons que ce rythme de parution dure.
Bonne lecture!
Chapitre 37
Un silence tendu s’abattit sur la salle. Tenant sa lame affilée d’une
main, Siphano menaçait l’inconnu aux flammes noires. Sa main tremblante serrait
de toutes ses forces la seule arme qu’il avait pour tenir tête à cet homme. Il avait
entre ses mains la vie de son adversaire. D’un seul geste, il pouvait le tuer.
Pourtant, il hésitait. Il avait déjà commis un meurtre par le passé. La peur de
revivre ce sentiment de culpabilité le dévorait. Tentant de maîtriser sa
crainte, il appuya un peu plus fort contre le dos de son ennemi. Celui-ci
répondit par un grognement agacé. L’homme se retourna d’un coup, empoignant l’épée
de ses deux mains. Il arracha l’arme des mains du Guerrier et la lança au loin,
puis se jeta sur le jeune homme surpris, une flamme féroce brillant dans ses
yeux. Siphano tomba sous son poids, s’écrasant au sol. Il tenta de riposter par
un coup de poing, mais de longues griffes poussèrent aux doigts de son ennemi
et se plantèrent violemment dans ses épaules, pénétrant sa chair. Il hurla, se
débattant avec fureur et tentant de se défendre, mais le joueur évitait chaque
attaque maladroite et continuait de le griffer, déchirant sa peau comme du
papier. Le Guerrier criait, une lueur apeurée dans le regard, la douleur lui
empêchant toute réflexion. Il sentait ses immenses plaies brûler atrocement et voyait
le sang écarlate s’écouler de tous ses membres écorchés, formant un miroir
vermeil sur le sol. Telle une bête enragée, son adversaire enchainait coup sur
coup, arrachant des plaintes de souffrance à Siphano.
Au fond de la salle, Bianca fixait, le regard vide, le cadavre de
Léozangdar. Elle n’entendait pas les cris désespérés de son ami, ni les bruits
de la lutte. Plus rien n’existait pour elle. Elle avait tout perdu. Devant elle
gisait, inanimé, ce sur quoi elle avait basé tous ses espoirs. Il était mort,
emportant avec lui la lumière et le bonheur. Il était mort, se sacrifiant pour
elle. Les larmes coulaient abondamment sur le visage de la belle Mage. Elle
posa son front contre son torse, hoquetant, les mains serrant ses épaules livides
avec la force du désespoir. Elle pleurait en silence et ses yeux ne reflétaient
plus aucune émotion, se voilant d’une brume grise. Oubliés ses autres amis.
Oubliée la fin du jeu. Sans lui, plus rien n’avait d’importance. Elle ne
voulait plus de sa vie.
Siphano haletait, le visage en sang, s’opposant toujours à son ennemi
avec ses dernières forces. Ses coups étaient lents, impuissants, et ses bras
striés de blessures ne lui obéissaient presque plus. L’autre joueur s’était
calmé, regardant sa proie essayer pitoyablement de s’en sortir. Il se délectait
de ce spectacle ridicule, pesant sur le corps de la pauvre victime et l’appuyant
contre le sol. Pourtant, une voix résonnait dans son esprit, tentant d’écraser
l’hymne de vengeance qui jouait sans cesse dans sa tête. Elle murmurait des
paroles douces, demandait la paix.
Ne lui fais pas de mal.
Rappelles-toi, Xef. Rappelles-toi de lui.
Il fronça les sourcils poussant des grognements presque bestiaux,
voulant couvrir ces horribles appels. Il ne connaissait pas ce jeune homme.
Cette voix ne lui disait rien. Ces yeux ne lui étaient pas familiers.
Si. Regarde ces prunelles saphir.
Regarde ce garçon que tu as toujours admiré. C’est…
L’homme rugit, les mains plaquées sur ses oreilles. Secouant la tête et
fermant ses yeux, il se battait contre ces idées paisibles. Profitant de sa
déconcentration, le Guerrier repoussa le joueur et roula maladroitement sur le
sol, à bout de souffle. Voulant se relever, il chancela quelques instants puis
retomba contre terre, faible et vulnérable. Xef, qui était redevenu maître de
lui-même, se jeta à nouveau sur lui, prêt à mettre fin au supplice du joueur. Il
planta son regard flamboyant dans les yeux mi-clos de sa victime, la retenant
par le cou. Alors qu’il allait enfoncer ses fines griffes dans la gorge de
Siphano, la voix ressurgit, plus forte que jamais.
Ne fais pas ça ! Tu sais qui
il est ! Pense à ton ancienne vie ! Pense à ton frère de cœur !
L’homme se pétrifia en entendant sa dernière phrase. Son regard aussi
noir que la nuit s’éclaircit, s’approchant de sa couleur bleutée d’antan. Il
lâcha sa proie, un air effaré sur le visage, et recula, désorienté. Cela ne
pouvait pas être…
« J-J… Ju… Julien ? »
Une lueur apparut dans les yeux presque éteints du Guerrier. Ses
sourcils se froncèrent légèrement, alors qu’il relevait faiblement la tête.
Puis, un murmure traversa ses lèvres, ses poings se serrant :
« Fr… an… çois… »
Xef s’affaissa en entendant ce prénom. Son prénom. Tous ses membres se mirent à trembler et il continua de
fixer Siphano avec détresse. Comment pouvait-il lui avoir infligé autant de
mal ? Ce garçon était son ami de toujours, son guide quand tout
s’écroulait autour de lui. Ils se connaissaient depuis la maternelle, ils
étaient comme des frères, inséparables et liés pour l’éternité. Soudain, une
terrible douleur l’élança à la tête. Il se recroquevilla, étouffant un râle de
souffrance.
TUES-LE ! TUES-LE ! cria
une partie de sa conscience.
« NON ! hurla-t-il, se débattant toujours avec lui-même. »
De grosses gouttes salées coulèrent le long des joues de Xef qui
gardait le regard rivé sur le sol. Ses ongles étaient enfoncés dans ses cuisses
alors qu’une bataille faisait rage dans son esprit. Il ne comprenait plus rien,
au bord de l’évanouissement. Il ne faisait qu’entendre diverses voix,
ressentant la colère, la tristesse et la honte à la fois. Le Voleur avait
l’impression que quelqu’un tentait de le forcer à penser d’une certaine façon,
mais il ne parvenait pas à distinguer les idées venant de l’extérieur de celles
qui lui appartenaient. Poussant des gémissements impuissants, il posa ses yeux
sur le Guerrier qui se vidait de son sang, puis se baissa vers lui. Ses
prunelles étaient désormais presque bleues et la lueur vengeresse qui y brillait
s’effaçait lentement. Il écarta délicatement la mèche de cheveux poissée de
sang du visage de Siphano, puis sortit une potion de soin, dont il fit couler
le liquide dans la gorge du garçon aux yeux saphir.
Siphano observait son ancien ami avec incompréhension. Il ne savait
plus comment réagir. Ses paupières lourdes s’allégèrent soudainement et il
sentit la substance bienfaisante se répandre dans ses veines alors que les
nombreuses blessures se refermaient. L’effet soignant s’arrêta un peu avant
d’avoir guérit complétement le corps, mais le Guerrier était enfin capable de
se relever. Il voulut parler mais le Voleur lui fit signe de se taire et
murmura d’une voix épuisée :
« Va-t’en. Prends cette fille et enfuis-toi. Et ne croise plus
jamais ma route. »
Siphano hésita. Pouvait-il vraiment laisser son ami d’enfance
ainsi ? Mais une flamme malveillante résistait au fond de son regard.
Etait-il digne de confiance ?
« Casse-toi, je te dis. Tu veux vraiment mourir ?! »
Son ton était menaçant et dissuada le Guerrier de se poser plus de
questions. Il se leva et alla précipitamment vers Bianca, pendant que Xef
sortait de la grotte en courant. L’homme jeta un dernier regard plein de
regrets vers son ami qui s’occupait de la Mage, puis se retourna et s’enfuit.
Le garçon aux yeux saphir s’était accroupi aux côtés de la jeune fille
et la regardait, cherchant comment la rassurer. Mais elle était toujours
plongée dans la contemplation de l’épaisse flaque vermeille, les larmes
continuant de couler sans qu’elle paraisse s’en rendre compte. Elle était
immobile, semblable à un fantôme, dénuée de tout sentiment. Vide. Elle
paraissait vide. Une statue. Un corps que la vie semble avoir quitté. Siphano
s’approcha d’elle et posa sa main sur son épaule, déclarant d’une voix
douce :
« Nous devons sortir d’ici, Bianca. C’est dangereux. »
La Mage ne réagit pas. Son sort lui était indifférent. Tout avait l’air
futile, désormais. Cet inconnu avait raison. Elle était devenue ruine, épave
abandonnée et dévastée. Pourquoi continuer à se battre alors que l’on n’avait
plus de but à poursuivre ? A quoi servait le combat s’il n’y avait pas
d’idéal à sa fin ? La vengeance n’était pas une raison pour résister. Ce
n’était que la justification des humains aveuglés par la haine. Et elle ne
faisait pas partie de ceux-là. Elle voulait se transformer en ange. Rejoindre
son amour perdu. Revivre dans un autre monde. Mais pour cela, il lui fallait
quitter celui-ci. Se laissant s’écrouler sur le sol, s’allongeant dans la
flaque de sang encore chaud, elle ferma les yeux. Abandonner. Tout lâcher.
« Bianca. Nous devons rejoindre les autres. »
Cette voix aussi devait disparaitre. La paix. Voilà ce qu’elle
recherchait. La tranquillité de la mort. C’était tout ce qu’elle demandait.
« S’il te plait… Nous allons survivre. Ensemble. Je te protègerais
pour toujours. »
Il ne comprenait pas. Il ne la comprendrait jamais. Elle voulait qu’il
se taise.
« Tu ne me laisse pas de choix, Bianca. »
Attrapant la jeune femme dans ses bras, Siphano la prit contre lui et
se releva. Il se mit en marche vers le Palais des Mers, portant cette fille si
légère et si frêle qu’elle paraissait pouvoir se briser à tout instant, telle
une figurine de porcelaine. La belle Mage ne résista pas, la force l’ayant
quittée. Le Guerrier pouvait bien faire ce qu’il souhaitait de son corps.
Quelle importance de toute façon ? Elle ne sentait plus rien. Elle
n’entendait plus rien. Les yeux clos, elle avait oublié ses sens et attendait
que la mort vienne l’accueillir dans son doux royaume silencieux.
J'espère que ce texte vous a plu! Alors, vous vous attendiez à ce que ce soit le Guerrier qui vienne les sauver et que le combat prenne cette tournure? N'hésitez pas à mettre un commentaire pour me dire ce que vous en pensez.
Voilà l'illustration du chapitre, j'ai dessiné la scène finale, au moment où Siph prend Bianca dans ses bras:
J'espère que vous avez aimé l'article du jour!
Besoux et à la prochaine! <3
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